L’écoconception comme levier stratégique de la sobriété numérique

Chez AXA France, la sobriété numérique n’est pas un slogan, mais un programme structuré et ambitieux. Dans cette logique, la société d’assurance, après avoir travaillé sur les enjeux de durabilité de ses équipements, mise désormais sur le levier de la conception responsable pour faire converger innovation, efficacité et durabilité. En tant que producteur interne de ses services numériques, la Direction Transformation & Technologies d’AXA France place l’écoconception au cœur d’une transformation culturelle profonde.

L’approche y est pilotée à plein temps depuis début 2025 par Alice Nado, Responsable du programme GreenIT au sein de la DSI d’AXA France, avec une feuille de route claire et un objectif : maîtriser l’impact environnemental des services numériques debout en bout. Cette gouvernance dédiée témoigne d’un engagement profond et durable de la part de l’entreprise.

« Mon rôle est de piloter la stratégie de sobriété numérique au sein de la DSI », explique Alice Nado, «AXA France soutient la démarche : le Green IT fait clairement partie de notre stratégie et de notre style de jeu. »

Dans les premières années, l’entreprise a d’abord agi sur les sujets les plus visibles et mesurables : digital workplace, matériel, cloud. Une stratégie efficace, car la majorité de l’empreinte carbone du numérique est liée aux équipements.

Face à l’accélération des usages (+9 % par an en moyenne), une nouvelle étape est nécessaire. « Il faut qu’on cultive d'autres initiatives pour pouvoir vraiment ancrer la sobriété numérique au sein de la DSI », ajoute-t-elle. C’est dans cette optique que l’écoconception devient un pilier stratégique à part entière, pensé pour durer et s’industrialiser.

L’écoconception, un accélérateur de transformation

Ainsi, au sein d’AXA France, l’écoconception est aujourd’hui perçue comme un levier stratégique pour amplifier l’impact de la sobriété numérique. Elle permet d’intervenir au plus tôt dans la mise en place des services, en réduisant leur empreinte avant même leur déploiement. Chez AXA France, cette démarche s’appuie sur un socle de pratiques internes et une solide culture communautaire.

Les premiers pas ont été portés par des développeurs engagés, les « Green Champions », qui ont mutualisé leurs connaissances et produit des outils en open source. « La démarche part d’initiatives personnelles. Ces personnes se sont regroupées, et on s’est inspiré de ce mouvement pour créer des communautés dans toutes les filières de la DSI », témoigne Alice Nado. Cette dynamique a permis d’ancrer une culture partagée de la sobriété numérique.

À partir de ce socle, AXA France a structuré une offre interne d’écoconception. « Pour développer l'écoconception, on s'est basé sur toutes les bases de connaissances qui avait été créée par les Green Champions. On a beaucoup de bonnes pratiques qu'on a référencées, qu'on a structurées par famille, par filière métier IT. »

Des outils, des référentiels, une méthode

Pour accompagner les équipes dans la mise en place de ces bonnes pratiques, AXA France mise sur un triptyque: évaluation, référentiel, accompagnement. Tout commence par un outil de mesure carbone permettant d’identifier les points de friction dans les services numériques. C’est le point de départ d’une stratégie fondée sur des éléments factuels.

« Il faut qu’on sache où on en est : est-ce qu’une application pèse lourd ? Quelle partie génère le plus d’impact carbone ? », questionne Alice Nado. Cette évaluation alimente ensuite un référentiel interne de bonnes pratiques, construit à partir du RGESN(Référentiel Général d’Écoconception des Services Numériques), mais contextualisé pour les métiers et selon les projets d’AXA. L’ensemble permet une évaluation fine, filtrée selon les profils (développeur, testeur, UX, etc.).  

L’outil interne d’AXA France est ainsi un référentiel global sur lequel il est possible d’appliquer des filtres en fonction de la typologie de projet et de son métier IT.« Si c'est une application, un service web ou une application socle type, le référentiel poussera des actions différenciées. Si on est Ops ou si on est testeur, on n'aura pas les mêmes actions qui seront proposées. » détaille Alice Nado, « l'idée, c'est d'avoir un catalogue qui permet à chacun de pouvoir piocher ce qui va l'intéresser. »

Ce référentiel agit comme une boussole opérationnelle. Les recommandations peuvent être des quick wins ou des actions plus structurantes intégrées aux roadmaps produits. L’écoconception est ainsi pensée comme une démarche agile et progressive, à même de s’adapter aux contraintes métier tout en garantissant une cohérence environnementale. L’objectif est double : rendre l’écoconception opérationnelle et la diffuser largement dans toutes les équipes.

L’écoconception au service de la performance et de l’expérience utilisateur

Loin d’être une contrainte, l’écoconception se révèle être un vecteur de performance. En réduisant le poids des pages ou le nombre de requêtes, elle améliore la rapidité, l’ergonomie et la durabilité des services. C’est un levier technique, mais aussi une réponse aux attentes et besoins des clients.

Pour y parvenir, chaque recommandation est pensée selon le contexte. « Par exemple, sur notre site de recrutement, on utilise des vidéos pour montrer nos métiers. On ne va pas interdire les vidéos, mais on recommande de ne pas les lancer automatiquement, de les compresser, etc. », illustre Alice Nado. Le but : trouver le juste équilibre entre impact et valeur ajoutée.

« Ce qu'on cherche au final, c'est trouver les pratiques contextualisées en fonction des typologies de projets, d'applications. Et puis aussi aller chercher celles qui ont le plus d'impact et qui sont rapidement actionnables. »

L’intégration de ces pratiques dans le processus de design produit dès la conception constitue un gain à tous les niveaux. Moins de ressources consommées, une meilleure autonomie sur mobile, des temps de chargement optimisés : autant de bénéfices qui renforcent l’expérience utilisateur tout en réduisant l’empreinte environnementale.

Une dynamique collective et fédératrice

La réussite d’un tel programme repose sur la mobilisation des équipes. Chez AXA France, l’implication est réelle. « L’implication sincère des équipes opérationnelles est très agréable et personnellement me fait chaud au cœur » insiste Alice Nado.

En 2024, ce sont plus de800 collaborateurs qui ont été formés à l’écoconception, via des modules adaptés à chaque métier. Cette formation constitue un socle indispensable pour enclencher une transformation en profondeur.

« Je pense que la vraie réussite de ces prochaines années c’est l’éco-conscience de nos projets et la compréhension de comment aborder ensemble ces sujets sur nos projets de transformation, de méthodes de travail et de notre gouvernance », souligne la Responsable du Programme Green IT. Un ancrage dans le quotidien des collaborateurs qui s’appuie aussi sur une forte volonté de partage, à l’intérieur comme à l’extérieur de l’entreprise.

Les Green Champions jouent ici un rôle clé. Présents dans toutes les filières de la DSI, ils accompagnent les projets, diffusent les bonnes pratiques, organisent des ateliers comme les fresques du climat ou du numérique. Leur action est soutenue par une gouvernance engagée, qui voit dans le Green IT un axe stratégique et collectif.

IA,innovation et responsabilité : une équation maîtrisée

Avec l’avènement de l’IntelligenceArtificielle (IA), l’action Green IT pourrait s’en retrouver remise en cause,d’autant plus que AXA France engage beaucoup d’initiatives autour de l’IA et dela Data. Mais l’IA est pensée dès le départ dans une logique de sobriété et deresponsabilité. C’est une démarche intégrée à la stratégie numériqueresponsable, qui repose sur des choix techniques éclairés et une gouvernanceexigeante.

« Le Green IT ne va pas àl’encontre de l’innovation, au contraire, il la stimule. On doit se dépasser,faire les bons choix dès le départ, y compris pour l’IA », note Alice Nado.L’impact carbone des modèles est évalué systématiquement, au même titre que laperformance ou la conformité réglementaire.

Cela passe par desprincipes simples : modularité, frugalité, réutilisation. Les usages de l’IAsont challengés en amont, et les projets sont conçus pour limiter les besoinsen ressources. Cette approche permet de faire converger innovationtechnologique et sobriété numérique, tout en maintenant une vision long termecohérente et responsable.

GreenTechForum, un catalyseur de synergies

La participation d’AXA France à GreenTech Forum Paris 2025 est dans la droite ligne de cette stratégie. En tant qu’exposant sur le Village Utilisateurs, l’entreprise entend partager ses retours d’expérience, découvrir d’autres initiatives et continue rà nourrir une dynamique collective.

« Le GreenTech Forum, c’est une opportunité de rencontres, d’inspiration et de partage », souligne Alice Nado. AXA France dédiera un atelier à l’écoconception, et son stand permettra d’échanger en direct avec les visiteurs. L’idée : montrer qu’une transformation numérique responsable est non seulement possible, mais déjà en marche.

AXA France y voit une manière de prolonger l’élan collectif porté par les communautés internes. En diffusant en open source certaines de ses pratiques, en mutualisant ses outils, l’entreprise fait le pari d’un numérique plus durable, co-construit avec l’ensemble de l’écosystème. Un pari à la fois ambitieux et nécessaire pour contribuer à faire vivre plus largement le mouvement d’un numérique plus responsable.

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